Discussions pédagogiques (1): la mission pour les 1er cycles...

Publié le par jdmichat

Jusqu'à présent, pas d'a priori sur le CEFEDEM Lyon.

Suivant une formule que j'affectionne et applique à moi-même, quand on ne sait pas, on se tait. Ne sachant rien car n'ayant jamais travaillé avec eux, je me contentais d'y envoyer mes étudiants souhaitant suivre la voie naturelle de l'apprenti enseignant en musique. Quant aux rumeurs, ragots, les guéguerres ne m’intéressent pas, je ne juge que par moi-même, c’est la règle ; je ne compte plus d'ailleurs le nombre de mes anciens étudiants ayant préparé et réussi le concours d'entrée.

Sur l'invitation justement d'un ancien de la classe ayant eu le talent d'intégrer à la fois le cursus en saxophone et en musique traditionnelle je me suis rendu à un débat sur la création et l'interprétation.

Je ne souhaite pas ici laver mon linge sale, lâchement protégé derrière mon écran sans riposte possible des mes interlocuteurs d’un jour. Je vais donc essayer d’éclairer (en restant calme, l’aïkido m’aide à ça) certains points de mon discours.

 

A la question « que doit-on apporter à un élève de 1er cycle j’ai répondu dans les 3 minutes qui m’étaient imparties » :

« Le cours de musique est un sanctuaire, l’enseignant  a globalement 2 missions : d’abord aider l’élève à faire le vide, à se défaire des influences extérieurs (matraquage commercial, regard des autres, tous ce qui complique au quotidien la possibilité d’être soi-même) puis, une fois détaché du monde qui nous harcèle, localiser la fibre créatrice qui souffle en chacun de nous, l’invention, la pureté de l’imaginaire pour l’attiser et la faire grandir ».

Sur quoi on me répond : « donc vous videz l’élève de tout ce qui fait sa personnalité, sa culture pour ensuite le mettre dans votre moule »…

 

Oups !…d’abord je persiste à penser que tout ce qui fait la personnalité de l’élève au sens le plus profond n’est pas dans les influences anecdotiques du quotidien (je ne parle évidement pas de ses origines familiales, sociales, géographiques qui n’ont rien d’anecdotiques). Une grande part de ce qu’il est existe dès sa naissance et le but n’est pas d’en changer (c’est impossible) mais bien au contraire d’éduquer et de magnifier ce qu’il est déjà. A ce titre, c’est bien l’influence de la vie en société qui pollue la personnalité profonde des individus. « On est vraiment soi-même qu’une fois assis sur le trône… » disait un ami, grand penseur et artiste sillonnant la planète. Je le crois. Il faut du temps avant que le masque tombe, il faut du temps avant que l’élève ose être sensible dans un monde où l’émotion est une tare. Il faut du temps avant que l’élève relâche son corps dans un monde où la carapace est de rigueur. Il faut du temps avant que l’élève s’ « abandonne » à l’autre dans un monde où l’autre, c’est l’ennemi.

Il faut du temps avant que l’élève arrive à se concentrer, au sens littéral…

…Et l’art, tel que je le conçois, cette expression directe de ce que l’on est dans sa plus stricte intimité ne peut naître que lorsque l’artiste a accepté de faire tomber tous les masques.

 

Le chemin est long et il commence en 1er cycle car à 7 ans, l’ « environnement » a déjà commencé son travail de formatage…

Alors oui, le cours est un sanctuaire et l’enseignant en est le gardien.

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